Lorsque j’ai commencé à aménager ma terrasse de façon plus durable, j’ai vite buté sur un point : les textiles d’extérieur. Coussins, tapis, voiles d’ombrage… La plupart sont en polyester, acrylique ou PVC, donc issus de la pétrochimie, et finissent par libérer des microplastiques dans l’environnement. Aujourd’hui, je te propose un véritable guide d’achat pour choisir des textiles d’extérieur beaux, durables et sans plastique, tout en restant réaliste sur ce que l’on trouve en magasin.
Pourquoi éviter les textiles d’extérieur en plastique ?
Les textiles d’extérieur en fibres synthétiques (polyester, polypropylène, acrylique…) représentent encore la majorité de l’offre. Ils sont pratiques, pas chers, résistants à l’eau… mais leur impact environnemental est lourd :
- Production très énergivore et fortement émettrice de CO₂
- Dérivés du pétrole, donc non renouvelables
- Libération de microplastiques à chaque lavage ou abrasion (pluie, vent, frottement)
- Recyclage compliqué et souvent inexistant en fin de vie
À l’échelle de nos jardins, balcons et terrasses, cela représente une pollution invisible mais bien réelle. C’est pour cela que je privilégie désormais les matières naturelles, biosourcées ou recyclées, en limitant au maximum les fibres issues du plastique. Cela demande parfois un peu de recherche, mais c’est possible.
Les matières à privilégier pour des textiles d’extérieur sans plastique
Je commence toujours par lire les étiquettes de composition. Voici les fibres que je privilégie, avec leurs forces et leurs limites.
Le coton bio (et si possible GOTS)
- Atouts : confortable, doux au toucher, largement disponible, facile à teindre avec des colorants plus naturels, et relativement simple à laver.
- À surveiller : le coton conventionnel est très gourmand en eau et en pesticides. Je privilégie donc le coton biologique certifié GOTS, qui garantit une culture sans OGM, une réduction des produits chimiques et un meilleur encadrement social.
Le lin, champion du climat tempéré
- Atouts : fibre locale en Europe (France, Belgique, Pays-Bas), peu gourmande en eau, résistante et naturellement élégante. Idéale pour des housses de coussin, nappes, rideaux et même voiles d’ombrage légers.
- À surveiller : un peu plus cher que le coton, et tous les lins ne sont pas forcément tissés ou teints de façon écologique. Cherche la mention “lin européen” ou les certifications type European Flax.
Le chanvre, discret mais ultra durable
- Atouts : culture très peu exigeante en eau, peu ou pas de pesticides, fibre très résistante, qui supporte bien les usages en extérieur, notamment pour les toiles, cordages, tapis et voiles d’ombrage.
- À surveiller : encore peu répandu dans les grandes enseignes. On le trouve plutôt chez des marques engagées ou des artisans.
La laine (pour certains usages)
- Atouts : naturelle, renouvelable, isolante, auto-nettoyante en partie (elle retient moins les odeurs). Pour un tapis d’extérieur sous une pergola ou un coin lounge couvert, c’est une bonne option.
- À surveiller : craint l’humidité et les UV prolongés. À privilégier sous abri ou pour des coussins et plaids que tu rentres le soir.
Le jute et les fibres végétales tressées
- Atouts : parfait pour les tapis d’extérieur sous abri, les caches-pots, les paniers, avec un rendu très naturel. Le jute, le sisal, l’abaca ou la jacinthe d’eau apportent une belle texture “brute”.
- À surveiller : ces fibres supportent mal l’eau stagnante. Il vaut mieux les utiliser dans des espaces protégés ou sous auvent.
Pour chaque produit, je cherche à avoir 100 % de fibres naturelles. Si je vois 80 % coton et 20 % polyester, j’essaie de trouver une alternative, ou au moins une version où la part synthétique est réduite et idéalement recyclée.
Coussins d’extérieur : confortables, beaux et lavables
Les coussins sont souvent les premiers éléments de décoration que l’on ajoute dehors. Voici mes critères pour un achat plus responsable.
1. Housses en fibres naturelles
- Coton bio épais (toile, canvas), lin lavé ou mélange lin-chanvre.
- Teintures certifiées Oeko-Tex Standard 100 ou GOTS pour limiter les substances toxiques.
- Éviter les traitements “déperlants” non précisés, souvent à base de substances fluorées.
Quelques pistes : certaines marques de décoration éthique comme Linvosges, Cyrillus Maison ou des boutiques spécialisées en linge de maison écoresponsable proposent désormais des coussins d’extérieur en lin ou coton bio, parfois avec rembourrage naturel.
2. Garnissage sans plastique : mission délicate, mais pas impossible
La plupart des garnissages sont en polyester. Pour rester cohérent, je vise au minimum des solutions plus vertueuses :
- Flocons de latex naturel (attention à la certification FSC ou équivalente)
- Kapok (fibre végétale légère et naturellement déperlante, idéale pour des coussins)
- Laine (très respirante, confortable, mais à protéger de l’humidité excessive)
- Plumes et duvet recyclés quand ils sont issus de circuits traçables
Dans les faits, je trouve rarement des coussins d’extérieur 100 % sans plastique, surtout en grande distribution. Une option intéressante consiste à acheter des housses en fibres naturelles et à faire réaliser ou rembourrer les coussins par un tapissier ou un artisan local, en laine ou kapok.
Tapis d’extérieur : chaleureux, mais pas au détriment de la planète
Les tapis d’extérieur en plastique recyclé (bouteilles PET) sont très à la mode, et c’est déjà un mieux par rapport au plastique vierge. Mais si tu cherches une option sans plastique du tout, voici mes recommandations.
1. Choisir le bon emplacement
Si ton tapis est :
- Complètement exposé à la pluie et au soleil : vise un matériau naturel très robuste (chanvre, certains jutes épais) ou préfère un tapis que tu peux facilement rouler et mettre à l’abri.
- Sous abri (auvent, pergola, balcon couvert) : laine épaisse, jute, sisal ou coton tressé deviennent de très bonnes options.
2. Matières à privilégier pour les tapis
- Tapis en jute ou sisal : parfaits pour une ambiance bohème, esprit maison de campagne.
- Tapis en chanvre : très résistants, avec une esthétique brute très tendance.
- Tapis en coton recyclé : à privilégier pour des zones semi-protégées.
- Tapis en laine feutrée : pour un salon de jardin abrité ou un balcon couvert.
Dans les boutiques, tu peux regarder du côté de marques comme Benuta, Maisons du Monde, ou des enseignes spécialisées en tapis naturels, en filtrant par matière : jute, sisal, laine, coton. Je lis toujours la composition complète pour éviter les “dos” de tapis en latex synthétique ou en polypropylène.
Voiles d’ombrage sans plastique : quels compromis accepter ?
Les voiles d’ombrage sont une vraie alternative aux parasols, plus aériennes et graphiques. Malheureusement, la majorité des modèles sont en toile polyester ou en polyéthylène haute densité (HDPE). Pour limiter le plastique, plusieurs pistes existent.
1. Toiles en fibres naturelles épaisses
- Chanvre ou lin épais, parfois mélangés au coton, peuvent être utilisés comme voiles d’ombrage.
- On trouve surtout ces produits chez des artisans voiliers, des fabricants de tentes traditionnelles ou de bâches naturelles.
Ces toiles :
- Offrent une ombre douce et naturelle
- Doivent être bien aérées et régulièrement séchées pour éviter les moisissures
- Peuvent nécessiter un entretien plus régulier (brossage, séchage, imprégnation avec des produits écologiques comme l’huile de lin ou des solutions à base de cire)
2. Opter pour une structure plus permanente
Autre approche : au lieu de chercher une voile parfaitement résistante à tout, j’installe une structure plus durable :
- Une pergola en bois certifié FSC ou PEFC
- Recouverte de végétation grimpante (vigne, houblon, rosiers lianes, glycine non invasive, kiwis…) pour faire de l’ombre naturelle
- Complétée par des rideaux en lin ou coton, que je peux rentrer en hiver
C’est une solution plus lente à mettre en place, mais tellement plus vivante et écologique qu’une voile en plastique tendue en quelques minutes.
Labels et certifications à rechercher
Pour m’y retrouver dans la jungle marketing des “éco”, “green” et “naturel”, je me fie à quelques labels :
- GOTS (Global Organic Textile Standard) : pour les textiles bio, du champ jusqu’au produit fini.
- Oeko-Tex Standard 100 : garantit l’absence de certaines substances nocives dans le textile fini.
- European Flax / Masters of Linen : pour un lin européen, plus traçable.
- FSC ou PEFC : pour les éléments en bois (structures, accessoires).
Je n’hésite pas à écrire au service client d’une marque quand l’information n’est pas claire. Une enseigne vraiment engagée répond en général avec précision sur la composition, les traitements appliqués, l’origine des fibres.
Entretenir et faire durer ses textiles d’extérieur
Choisir un bon produit, c’est la moitié du chemin. L’autre moitié, c’est l’entretien. Plus un textile dure longtemps, plus son impact environnemental par année d’usage diminue.
- Rentrer les coussins le soir ou en cas de pluie annoncée.
- Secouer et brosser régulièrement tapis et voiles pour limiter les salissures incrustées.
- Laver à basse température (30 °C) avec une lessive écologique, sans adoucissant pétrochimique.
- Sécher à l’air libre, à l’ombre dans la mesure du possible pour préserver les couleurs.
- Réparer une couture, une petite déchirure, un accroc plutôt que jeter : un simple kit de couture peut prolonger la vie d’un coussin de plusieurs années.
Je préfère désormais acheter moins mais mieux : quelques pièces bien choisies, harmonieuses, plutôt qu’un renouvellement complet de la déco chaque saison.
Aménager son extérieur avec des textiles sans plastique est un chemin plus qu’un objectif absolu. L’important, selon moi, est de tendre vers :
- Des fibres naturelles, renouvelables et traçables
- Des produits réparables et faciles à entretenir
- Des ambiances sobres, chaleureuses, qui s’intègrent à la nature plutôt que de la recouvrir de matières synthétiques
C’est ainsi que chaque terrasse, balcon ou jardin peut devenir un petit refuge, à la fois esthétique et respectueux de l’environnement.
Osiris
